QUI SUIS-JE ?

A l'heure ou j'écris, dire ou taire, se dire ou se taire, se dévoiler ou se cacher ? Je ne parviens pas encore à faire un choix net.

 

Je me suis cachée longtemps, d'abord parce que je ne savais pas de quoi je souffrais exactement excepté de dépression, puis parce j'avais peur de ce qu'on allait penser de moi, peur de faire peur, que l'on m'évite, que l'on me croit folle.

 

Néanmoins depuis le diagnostic, j'évolue. Je me soigne et je vais beaucoup mieux, je parle de la maladie, j'explique, je confie ouvertement mes états d'âmes à mes amis, j'ai de plus en plus besoin de témoigner ouvertement. Je parviens à le faire physiquement, en réelle présence, mais créer ce site est une nouvelle étape qui de nouveau me met face à ce choix : dois-je rester anonyme ou dois-je révéler mon identité ? ( quel suspens !! )

 

La vraie question étant : quelles seraient les conséquences de ce dévoilement ?

 

Car il ne s'agit pas d'un choix moral. Il s'agit de la crainte qui ne me quitte jamais tout à fait, d'être mal jugée et stigmatisée.

Le domaine que je crains le plus est le domaine professionnel. Puis-je rester crédible aux yeux des gens qui m'emploient ? Si moi-même je suis convaincue de mes compétences et de mon professionnalisme, je ne peux pas le garantir de la part de ceux qui m'emploient s'ils ont connaissance de mon handicap. On ne peut jamais rien garantir me direz-vous, et vous avez raison.

 

Lorsque j'ai confié ce doute au psychiatre, il m'a répondu que lui, en tant que musulman, il ne cachait pas sa religion et que justement, ceci contribuait à faire changer le regard sur les musulmans. A l'heure ou ceux-ci sont tant stigmatisés, je me dis qu'il a raison...

 

Le fait d'en parler contribue finalement à faire comprendre ce qu'est la maladie et comment elle est vécue. Parler permet de changer le regard des autres. Pour rappel, ces pathologies comme d'autres pathologies psychiques sont considérées comme des handicaps, je ne devrais pas, en principe, m'en sentir coupable. Mais il m'arrive de penser que si j'avais une jambe en moins, on projetterait moins d'idées reçues sur moi.

 

C'est par conséquent à moi de décider, à moi de faire ce que je sens devoir faire après analyse, à moi d'assumer pleinement mon choix.

 

Aujourd'hui, je ne suis  pas prête à révéler mon identité publiquement et pourtant le site commence à être référencé. Peut-être que dans quelques temps je le ferai en le signant se mon propre nom, je ne sais pas si  j'ôterai définitivement le masque.